Consignes et matériel
Plusieurs mises en situation vous sont présentées dans cette section. Chaque mise en situation est suivie de Questions de relance ainsi que des Messages clés. Afin de créer la discussion en grand groupe, vous trouverez une section finale avec des Questions de clôture sur la thématique et des Messages clés à utiliser sous forme de plénière avec le groupe pour bien terminer l’activité.
Intentions pédagogiques
- Réfléchir à différents enjeux qui touchent l’intimité (ex.: démonstrations affectives, insultes sexuelles, premières relations sexuelles, consentement, prévention des ITSS, etc.) incluant l’intimité en ligne (ex. : cyberpornographie, sextos, sextorsion, etc.).
- Réfléchir aux enjeux liés à l’exposition de sa vie personnelle ou privée et du respect de sa pudeur, de son intimité et de celle des autres.
- Valoriser l’authenticité, l’intégrité, le respect et la communication lorsqu’on partage une intimité avec quelqu’un.
- Reconnaître les avantages et les inconvénients du partage de leur intimité, y compris sexuelle, via les réseaux sociaux.
- Discuter des raisons qui poussent les jeunes de leur âge à partager leur intimité sexuelle via des sextos et des possibles impacts (psychologique, social, légal, etc.) de ce partage.
- Démystifier et exercer un jugement critique face aux messages véhiculés par la pornographie et à ses impacts sur l’intimité sexuelle.
Déroulement
Avant l’animation
- Prendre connaissance des mises en situation et les sélectionner adéquatement selon les particularités propres à votre groupe de jeunes.
- Prendre connaissance des Questions de relance et des Messages clés.
- Prévoir le matériel nécessaire pour la réalisation de l’activité.
- Imprimer les mises en situation, les Questions de relance , les Messages clés et la section plénière.
- Prévoir des règles de conduite que les jeunes devront respecter (ex.: tour de parole, respect des autres, respect de soi, etc.)
Pendant l’animation
- Vous devez diviser les participant-es en équipes (créer le nombre d'équipes équivalant au nombre de mises en situation sélectionnées).
- Vous distribuez une mise en situation différente à chaque équipe.
- En équipe, ils lisent la mise en situation qui leur a été assignée ainsi que les questions et en discutent. Vous pouvez leur laisser entre 10 à 15 minutes pour discuter.
- En grand groupe, chaque équipe présente sa mise en situation, les questions et explique ses réponses.
- Pour chaque mise en situation et questions, l’intervenant-e a des pistes de réponse. Vous pouvez vous y référer.
- Lorsque toutes les équipes ont présenté leur mise en situation, vous posez les Questions de relance en grand groupe et animez une discussion.
- Vous terminez l’atelier avec les Messages clés.
Matériel
- Mises en situation imprimées + les questions associées à chacune des mises en situation.
- Questions imprimées et réponses pour chaque mise en situation.
- Questions de clôture et Messages clés imprimées pour la plénière.
Ta meilleure amie Sofianne a un nouveau «chum» depuis un mois. Ils sont vraiment très amoureux tous les deux. À chaque fois qu’ils se voient, ils ne cessent de s’embrasser, se câliner. Parfois, c’est embarrassant et tu aurais envie de leur dire de «se garder une p’tite gêne». Puisque c’est ta meilleure amie et qu’elle est très amoureuse, tu préfères ne rien dire.
La dernière fois, au party chez Julien, ils ont passé la soirée à se «frencher» et à se caresser sur le divan et tout le monde était mal à l’aise. Même Julien semblait embêté. Quelqu’un a dit, à la blague, que Sofianne doit aimer le sexe. Tu l’as regardé avec un air choqué – car tu ne veux pas qu’on parle de cette façon de ta meilleure amie. Mais là encore, tu n’as rien dit, en espérant que ton regard suffirait pour qu’il comprenne que ses commentaires étaient déplacés.
Questions et éléments de contenu
Que penses-tu de cette situation ?
Qu’est-ce qui crée un malaise et pour quelles raisons ?
- Embrasser quelqu’un qui nous plaît ou avec qui on est amoureux, c’est sympathique, agréable et tout à fait normal. Toutefois, si ces marques d’affection sont en public et qu’elles sont plutôt intenses et durent un bon moment, cela alors peut rendre les autres mal à l’aise.
- Le malaise vient du fait qu’on a accès à l’intimité de ce couple; intimité à laquelle on ne voulait pas avoir accès.
Comment les gens réagissent en général devant une situation qui crée un malaise ?
- Il arrive que l’on ait un petit rire nerveux et qu’on ne sache pas trop quoi dire.
- Parfois, l’inconfort fait en sorte que certaines personnes vont préférer s’éloigner pour ne pas vivre cette gêne.
- D’autres encore, vont exprimer leur malaise en blaguant ou en nommant carrément leur désaccord face à la situation.
Que devraient faire Sofianne et son chum ?
- Se coller, s’embrasser gentiment devant d’autres personnes, ce n’est pas forcément dérangeant pour l’entourage. Par contre, une trop grande intimité en public peut créer un réel malaise parce que les gens ont accès à une intimité à laquelle ils ne devraient pas avoir accès. Pour cette raison, Sofianne et son chum devraient respecter la pudeur des autres et vivre ces moments dans leur intimité.
Étienne, 13 ans, raconte à ses amis qu’une fille âgée de 16 ans, qu’il a connue sur Internet, lui a demandé d’envoyer une photo nue de lui.
Questions et éléments de contenu
Que penses-tu de cette situation ?
D’après toi, comment Étienne peut se sentir devant cette proposition ?
- Étienne pourrait être ravi qu’une fille plus âgée lui fasse une telle proposition, ce qui pourrait le pousser à le faire, en croyant, par exemple, qu’elle lui enverra une photo d’elle en retour. En agissant sous le coup de l’impulsivité, Étienne ne prend pas le temps de réfléchir aux conséquences d’un tel geste.
- À l’inverse, Étienne pourrait se sentir gêné ou surpris face à une telle proposition et refuser.
Pourquoi une fille de 16 ans s’intéresserait à un gars de 13 ans ?
- C’est en effet possible qu’une personne plus âgée s’intéresse à une personne plus jeune, pour différentes raisons. Malgré tout, il est plutôt rare qu’une fille de 16 ans s’intéresse à un garçon de 13 ans. Lui demander des photos nues de lui est plutôt étrange. De plus, au niveau de la loi, cet écart d’âge ne serait pas permis pour consentir à avoir des relations sexuelles, par exemple.
- Cela dit, est-ce qu’Étienne est vraiment certain de l’identité de la personne qu’il a rencontrée sur Internet? Une personne rencontrée sur Internet n’a peut-être pas toujours de bonnes intentions. Il existe des fraudeurs sur le web, qui vont approcher des gens sur les réseaux sociaux, avec de faux profils, dans le but d’obtenir de leur part des photos ou des vidéos intimes.
Quelles peuvent être les conséquences d’un tel geste pour les deux?
- Il est interdit à quiconque de produire, distribuer et posséder de la pornographie juvénile (Éducaloi, s.d.). «En fait, la pornographie juvénile présente une personne de moins de 18 ans ayant des activités sexuelles explicites et/ou dévoile certaines parties du corps d’une personne mineure dans un but sexuel.». Elle peut se retrouver sous différents supports, soit photo, vidéo, écrit ou audio.
- Par exemple, si tu as moins de 18 ans et que tu te prends en photo, nu, c’est de la production de pornographie juvénile. Si tu envoies cette photo à quelqu’un, tu fais de la distribution de pornographie juvénile. Si cette personne conserve cette photo, elle pourrait être accusée de possession de pornographie juvénile. De plus, si cette personne décidait par la suite de partager la photo à ses amis, sans ton consentement, elle pourrait être accusée de partage non consensuel d’images intimes, en plus des accusations en lien avec la pornographie juvénile.
Tiré de : Éducaloi. (s.d.). La pornographie juvénile. Repéré à https://www.educaloi.qc.ca/capsules/la-pornographie-juvenile
Que devrait faire Étienne ?
- En sachant qu’un simple partage de photos peut lui causer bien des problèmes, il serait plus sage pour Étienne de s’abstenir d’envoyer cette photo.
- Sache qu’il existe des ressources, telles que le site AidezMoiSVP https://needhelpnow.ca/app/fr/, qui offre des outils pour t’aider à faire retirer des photos et des vidéos à caractère sexuel d’Internet.
Marie-Laure et Alex sortent ensemble depuis 6 mois; ils sont vraiment amoureux. Ce vendredi, ils sont seuls chez les parents d’Alex. Alex avait d’ailleurs préparé le souper et ils avaient prévu visionner une de leurs séries préférées.
Collés l’un contre l’autre sur le divan, à parler de choses et d’autres, tout naturellement, ils s’embrassent et s’enlacent. Ils sont bien ensemble. Alex propose alors «d’aller plus loin» et précise qu’il a des condoms. Marie-Laure sent qu’elle a le goût, a même imaginé que sa première relation sexuelle se passerait avec lui, mais elle hésite. Elle a du mal à lui dire.
Questions et éléments de contenu
Que pensez-vous de cette situation ?
Quelles peuvent être les hésitations de Laure ?
D’après vous, quelles seraient les craintes des filles et des garçons face aux premières relations sexuelles (les toutes premières fois ou les premières fois avec une nouvelle personne)?
Les premières relations sexuelles sont source de préoccupations, d’inquiétudes et d’insécurité pour bien des jeunes. Il est possible, autant pour les filles que les garçons:
- De ne pas se sentir prêt-e
- De craindre d’être maladroit-e ou d’être jugé-e
- D'avoir le souci de ne pas correspondre aux attentes de l’autre ou à ce qu’on voit dans la pornographie
- D'être gêné-e de partager son intimité (être nu-e, avoir des gestes intimes, etc.)
Peuvent s’ajouter certaines craintes, plus particulièrement chez les filles :
- Avoir peur que ça fasse mal lors de la pénétration vaginale ou avoir peur de saigner.
Certaines autres, plus particulièrement chez les garçons :
- Craindre de faire mal lors de la pénétration
- S’inquiéter de ne pas bien faire et ne pas être à la hauteur
- Avoir le souci d’éjaculer trop rapidement
- Craindre d’avoir de la difficulté à maintenir une érection
- Redouter de ne pas donner de plaisir à son/sa partenaire
Tiré de : Maria Del Carmen Rumoroso. (2011). Amour et sexualité : Les premières fois. Ça sexprime, No 15, Hiver 2011.
Toutes ces craintes sont légitimes.
- Ne rien bousculer, y aller progressivement et en parler à l’autre personne permettra de diminuer ces craintes.
- Ne pas se mettre trop de pression inutilement.
- Avoir de l’humour, ça peut aider également à prendre du recul.
Comment Marie-Laure peut lui formuler ses craintes ?
- La communication est le meilleur moyen de partager ses idées, ses sentiments et ses émotions et, en retour, permet de se sentir écouté-e.
- Pour formuler ses craintes, Marie-Laure aurait intérêt à utiliser le «je». Par exemple, elle pourrait dire : «Je ne sais pas si je me sens prête» ou «J’aimerais prendre mon temps avec toi», au lieu de : «Tu vas trop vite : ne me mets pas de pression».
Tiré de : Sophie Gascon. (2011). La communication dans le couple adolescent, Ça sexprime, no 16, hiver 2011.
Qu’est-ce qui fait que l’on se sent prêt-e à partager une grande intimité avec son chum ou sa blonde ?
- Généralement, on se sent prêt-e à partager son intimité avec quelqu’un lorsqu’on se sent bien avec l’autre personne, en confiance et respecté-e. Ça veut aussi dire qu’on désire avoir des relations sexuelles à la fois dans son corps, son cœur et sa tête. Il est important de faire les choses à son propre rythme, sans se précipiter, pour vivre pleinement le moment.
- Les premières fois seront agréables si on ne ressent pas de pression de part et d’autre pour aller « jusqu’au bout » (ex.: céder à la pression de son chum ou de sa blonde ou à la pression des amis-es; être sous l’influence de l’alcool, etc.).
- Si on est prêt à discuter de protection sexuelle (ex.: condom, contraception).
Finalement, sache que, lors des premières fois, c’est possible et tout à fait normal de vivre toutes sortes d’émotions qui, parfois, font en sorte qu’on ressent moins de plaisir qu’on ne l’avait imaginé au départ (ex.: stress, gêne). L’essentiel, c’est de profiter de ces moments de tendresse et d’affection, en se rappelant que la sexualité est quelque chose qui se découvre et s’apprend dans le temps….et pas dans une seule et unique fois.
*À sélectionner avec des jeunes de 15 ans et plus*
Ce soir, à la maison des jeunes, l’intervenant a démarré une conversation sur la consommation de la cyberpornographie. Au début, tout le monde rigolait, disait des niaiseries (ça prend toujours un certain temps avant qu’on arrive à parler sérieusement de ces choses-là).
Puis, il nous a demandé de remplir un petit questionnaire anonyme où l’on pouvait indiquer si on en avait vue ou pas. Si oui, à quel âge pour la première fois ? Était-ce volontaire ou involontaire? Quelle impression ça nous avait fait ? Qu’est-ce qu’on pensait de la porno? Par la suite, on a discuté en grand groupe et il nous a demandé si, d’après nous, la pornographie pouvait avoir un impact sur notre façon de percevoir les relations sexuelles, les hommes, les femmes ? Wissam a répondu qu’il trouvait que c’était mélangeant parfois : «Ce sont des images qui peuvent être excitantes – on doit bien se l’avouer. Mais en même temps, ce n’est que du sexe : on ne voit pas d’émotions; on voit seulement les actions ! Et parfois il y a des scènes bizarres».
Questions et éléments de contenu
Que penses-tu de la réponse de Wissam ?
D’après toi, pourquoi la société a décidé qu’il fallait avoir 18 ans pour pouvoir visionner de la pornographie ?
La loi interdit aux moins de 18 ans l’accès au matériel pornographique, en raison du fait, entre autres, du manque de maturité ou de la difficulté pour des jeunes de distinguer la fiction du réel. Ainsi, il y a un risque que les jeunes confondent la pornographie avec la réalité.
D’après toi, est-ce que la porno donne une image réaliste de la sexualité ? Explique ta réponse.
- La pornographie, c’est du matériel qui montre des activités sexuelles explicites, de façon crue et visant à provoquer une excitation sexuelle. Il est vrai qu’elle permet de voir des personnes en pleine action et en ce sens, elle donne à « voir » certains comportements sexuels. La pornographie transmet une image limitée et parfois fausse de la sexualité. Elle ne donne pas accès à la complicité, l’affection, la tendresse et les sentiments que les personnes ressentent, mais présente plutôt une sexualité-spectacle qui devient quelque chose de banal et machinal.
- De plus, les messages véhiculés par la pornographie peuvent créer une pression à faire de même et à tout essayer sexuellement (ex.: pratiques sexuelles sans limite) ou à être hyper performant-e (ex.: durée importante de la relation sexuelle, abondance de cris, érection soutenue, etc.). Également, on montre très peu d’acteurs et d’actrices porno utiliser une protection sexuelle.
- La pornographie ne présente donc pas un modèle de relation sexuelle saine, égalitaire et consentante. Il est faux de croire qu’il faut obéir à ce modèle.
Que retiens-tu de cet exercice?
L’intimité, quand ça nous transporte:
L’intimité, ça peut être aussi simple que d’être capable de regarder quelqu’un dans les yeux en tentant de se connecter à ses émotions. Lorsqu’on partage un grand degré d’intimité émotionnelle avec quelqu’un qui nous plait, on se sent à l’aise de lui confier nos émotions, nos craintes et on se sent en confiance. L’intimité, bien que ça puisse inclure les relations sexuelles, ne se limite pas qu’à cela.
D’ailleurs, il est souvent plus agréable et sécurisant d’explorer sa sexualité avec une personne avec qui on a pu développer une intimité émotionnelle avant de développer une intimité sexuelle. Autrement dit, si tu n’es pas capable de regarder l’autre dans les yeux et de te sentir bien, c’est signe que tu n’es peut-être pas prêt-e à avoir un geste sexuel avec cette personne
L’intimité, quand ça dérape :
L’intimité, on l’a vu, c’est précieux. Il arrive que certaines personnes se révèlent très rapidement à des gens qu’ils connaissent depuis peu (ex. : confidences, vie privée, etc.), que ce soit en personne ou sur Internet, en s’imaginant que cela va les rapprocher plus rapidement de ces personnes; autrement dit, qu’elles vont se sentir plus rapidement «proches» et «intimes» avec ces personnes.
On peut être tenté d’utiliser Internet et les réseaux sociaux pour séduire, fréquenter ou sortir avec quelqu’un, en partageant une intimité «en ligne» puisque c’est accessible, facile à utiliser et que ça diminue souvent le sentiment de gêne que l’on peut avoir lorsqu’on rencontre la personne en «vrai». En effet, certains croient que pour se rapprocher de quelqu’un, on doit rapidement partager des «sexto» ou avoir rapidement des activités sexuelles avec cette personne. N’oublie pas qu’un des éléments clés dans une relation saine d’intimité est d’y aller par étape, de prendre son temps, de respecter ses propres limites et celles de l’autre personne, et de s’assurer du consentement de l’autre.